‘Congo Requiem’ de Jean-Christophe Grangé

Un Grangé, c’est vraiment une expérience à part. Difficile d’embrayer sur un nouveau bouquin après cela. Le diptyque LontanoCongo Requiem m’a bluffé, une fois encore. Depuis Le Vol des Cigognes, l’auteur et ses intrigues monstrueuses m’ont toujours scotché — quand j’y réfléchis, même les moins bons restent de très bonnes lectures. « Il avait les mots » comme disait Sheryfa Luna. Ouh la comparaison toute moisie !! OK, passons…

BRIQUE

Lontano, sorti en 2015. Un pavé, une brique de plus à caser dans la bibliothèque. Puissant, violent, comme d’hab. Mais ça date un peu et j’ai un peu traîné avant de lire sa suite. Même en se souvenant des grandes lignes du premier opus, difficile de se resituer. Mon cerveau fonctionne au gazoil : un bon diesel qui doit préchauffer avant de prendre la route. Le moteur est encore jeune donc ça va, tout est revenu assez vite. Tout ce vocabulaire sur la mécanique alors que j’y connais rien pour énoncer une chose : ce Congo Requiem est énorme.

MATRIOCHKA

Un second pavé, un gros steack bien saignant venu tout droit du Congo. Cette histoire est incroyablement dense. Oui j’en fait des caisses mais quand on aime… Si je devais imager, je prendrais l’exemple des matriochkas, les poupées russes. Chaque poupée représentant un pan de l’intrigue. Derrière chaque réponse apportée se cache un sombre secret. À n’en plus finir, ou presque.

Après le Japon, la Mongolie, L’Amérique du Sud et l’Asie du Sud-Est (liste non exhaustive), Grangé continue son trek à travers le globe, direction l’Afrique. Mais là où le trek est un monde de lenteur, l’auteur, lui, dévale les pistes à toute allure. Et préfère poser sa tente près des zones obscures, où le danger est omniprésent. Pays en guerre, conflits armés et massacres de civils, ventes d’armes illégales et extractions de minerais. Une violence inouïe, une réalité loin de la nôtre. C’est pointu, précis, une immersion totale qui donne des sueurs froides — ou chaudes, après tout on est dans la brousse.

TORDU

Encore et toujours, quitter un Grangé n’est pas chose facile. Attention à ne pas trop traîner dans la lecture sinon la sanction est assurée : les rebondissements sont tellement nombreux qu’on aurait vite fait de perdre le fil. La famille Morvan est tordue comme une main rongée par l’arthrite, mais on finit presque par s’y attacher.


JEAN-CHRISTOPHE GRANGÉ – CONGO REQUIEM

Année de parution : 2017
Nombre de pages : 397
Genre : Thriller
Édition : Albin Michel


Quatrième de couverture
On ne choisit pas sa famille mais le diable a choisi son clan.

Alors que Grégoire et Erwan traquent la vérité jusqu’à Lontano, au cœur des ténèbres africaines, Loïc et Gaëlle affrontent un nouveau tueur à Florence et à Paris.

Sans le savoir, ils ont tous rendez-vous avec le même ennemi. L’Homme-Clou.

Chez les Morvan, tous les chemins mènent en enfer.

‘Brutale’ de Jacques-Olivier Bosco

Un mot fort qui annonce direct la couleur. Aucune concession, ça va cogner dur. La tendresse, on oublie, place au Krav-Maga et toute sa panoplie pour dégommer du vilain  d’une main tout en se curant le nez de l’autre. Et ce n’est pas la subtile touche de sensualité de la couverture qui va tromper son monde, car Brutale porte bien son nom : efficace, nerveux, chargé de violence comme un bon coup de pied dans les roubignoles.

OVERDOSE

Bosco ne fait pas dans la finesse. Ce roman transpire une incroyable énergie : ça percute, ça bastonne (putain oui!), les os craquent et le sang repeint les murs, mais c’est placé avec une telle sauvagerie que ça en devient amusant. L’auteur fait tout son possible pour imposer un rythme d’enfer à son histoire ; une bande-son bien métal en arrière-plan, des combats à la pelle et un taux d’adrénaline proche de l’overdose. Pour un peu on croirait lire le scénario du dernier Luc Besson. Mais c’est justement cela qui m’a plu ; cette électricité qui parcourt chaque mot du récit, qui insuffle à chaque page des contractions dans les nerfs, prêts à recevoir une nouvelle décharge.

JOHN WICK

Mais ça ne s’arrête pas là ! JOB offre un boulevard monstrueux à toutes les formes de clichés que l’on puisse imaginer trouver dans le genre. Ce serait trop long (et inutile) de les énumérer. Là aussi, on adhère ou pas. J’ai adhéré. C’est du grand n’importe quoi assumé jusqu’au bout, et l’intrigue est portée disparue dès le départ. John Wick a trouvé son pendant féminin, et c’est plutôt pas mal. Oh que oui ! Lise est terriblement dangereuse, férocement sexy. J’ai pourtant eu du mal à l’apprécier, le drame. Peut-être une pointe de misogynie, que sais-je ? Je ne comprenais pas ce besoin d’agressivité, tout le temps, partout. Bon, j’ai toujours pas compris, mais ce sentiment de lassitude face à une énième écorchée de la vie n’a pas trop duré, heureusement. Ça pète tellement dans tous les sens qu’on y prête plus trop attention en fait.

ANIMAL

Le final, c’est clairement la cerise sur le gâteau. Toute cette hargne animale compressée sur quelques pages, comme si l’auteur jetait ses dernières cartouches dans la bataille, manière de démontrer que le réservoir n’est pas encore vide. C’est grandiloquent, ridicule, mais ça fait du bien de débrancher les neurones.


JACQUES-OLIVIER BOSCO

Année de parution : 2017
Nombre de pages : 397
Genre : Thriller
Édition : La Bête Noire


Quatrième de couverture
Elle est jeune. Elle est belle. Elle est flic. Elle est brutale.
Des jeunes vierges vidées de leur sang sont retrouvées abandonnées dans des lieux déserts, comme dans les films d’horreur. Les responsables ? Des cinglés opérant entre la Tchétchénie, la Belgique et la France. Les mêmes qui, un soir, mitraillent à l’arme lourde un peloton de gendarmerie au sud de Paris.
Que veulent-ils ? Qui est cet « Ultime » qui les terrorise et à qui ils obéissent ? Face à cette barbarie, il faut un monstre.
Lise Lartéguy en est un. Le jour, elle est flic au Bastion, aux Batignolles, le nouveau QG de la PJ parisienne. La nuit, un terrible secret la transforme en bête sauvage. Lise, qui peut être si douce et aimante, sait que seul le Mal peut combattre le Mal, quitte à en souffrir, et à faire souffrir sa famille.

‘Comme une Tombe’ de Peter James

Roy Grace. Trois syllabes. Facile à mémoriser, percutant. Personnage récurrent de l’univers de Peter James, le commissaire aux croyances dans le paranormal fait parler de lui pour la première fois dans ce roman paru en 2005. Alors âgé de 38 ans, doté d’un physique puissant mais pourtant pas bien grand, cet homme tente désespérément de se remettre de la disparition de sa femme quelques années auparavant. Par disparition, il n’est pas question de décès (du moins on ne le sait pas encore) mais de volatilisation. Magie ! En effet, son épouse s’est évaporée dans la nature il y a presque neuf ans. Une éternité, Grace devenant progressivement comme ces âmes damnées qui errent à jamais le long du Styx : perdu, sans repères, livré à lui-même.

PRIORITÉ

Cet approche du personnage m’a sensiblement rappelé une série télé que j’affectionne particulièrement : Monk. Un policier bourré de tocs et développant de nombreuses phobies qui ne s’est jamais entièrement remis de la disparition de sa femme. Voilà, petite anecdote sans grand intérêt mais que je voulais placer. Par contre, la quatrième de ce roman m’a captivé. Je me suis demandé : mais comment c’est possible ? J’ai l’habitude (moins maintenant) de lire mes romans par ordre d’achat. C’est un peu concon mais j’aime bien procéder ainsi, ça me donne l’impression d’être carré et de ne pas trop m’éparpiller. Ce qui est loiiiiin d’être le cas en vrai (pensée émue pour ma compagne qui doit subir ça ❤). J’ai donc délaissé pas mal de bouquins et fait passer Comme une Tombe en priorité. Il fallait que je sache. Absolument. La marque des grands romans peut-être.

TROIS VÉRITÉS

Le roman commence classique, on a une vue d’ensemble sur la soirée un peu trop arrosée de l’enterrement de vie de garçon, la bande de copains prête à réaliser une bonne grosse connerie. Ladite connerie exécutée, les joyeux lurons vont s’encastrer bien comme il faut dans une bétonnière, à bord de leur van. Une fin affreuse qui laisse définitivement seul leur ami préalablement enterré. Mais comment ? Même en écrivant cette chronique, même en sachant le fin mot de l’histoire, j’arrive encore à me demander comment c’est possible. Bizarre non ? Mais la quatrième n’explique pas tout, bien évidemment ! Elle laisse de côté de précieux renseignements qui seront divulgués assez rapidement lors de la lecture, et ça m’a permis d’appréhender le pourquoi du fameux comment ! Et quand bien même la vérité éclate, hop ! Peter James nous en sort une deuxième que l’on avait vraiment pas vu venir, puis une troisième pour bien t’enfoncer ! Si si ! Peuplée de personnages tous plus intéressants les uns que les autres, l’intrigue est bien tournée et l’auteur négocie proprement quelques virages inattendus, juste de quoi relancer l’intérêt par moments.


PETER JAMES – COMME UNE TOMBE

Année de parution : 2005
Nombre de pages : 432
Genre : Thriller
Édition : Pocket


Quatrième de couverture
Mauvaise blague : Michael se retrouve dans un cercueil six pieds sous terre avec du whisky et une revue érotique pour son enterrement de vie de garçon. Les heures passent, personne ne vient le chercher, la fiancée s’inquiète et fait appel à Roy Grace. Pour le localiser, l’inspecteur n’a qu’une seule piste : les témoins du mariage, tous morts dans un accident de voiture…

‘Les Traqueurs T.1 – L’Arme Perdue des Dieux’ de David Muñoz

Quelle petite merveille !! Serti d’une sublime couverture, ce premier tome d’une série d’aventure n’est pas loin du coup de cœur pour moi. Ce qui est tellement rare ! Des pirates, des conquistadors, une légende maya et un bon gros monstre, un cocktail délirant qui, franchement, m’a fait de l’œil pendant pas mal de temps avant que je craque chez le libraire. Que c’est dur de résister !

CHOUCHOU

Dès la première planche, mes petits yeux se sont mis à pétiller. Tirso en a sous le crayon. Un style de dingue, incroyable, qui m’aura fait baver de page en page. Un trait nerveux exécuté avec grande maîtrise. Oui j’accumule les superlatifs avec la rapidité d’une mitraillette, mais je reste admiratif devant le travail de cet artiste. Je ne suis pas un grand collectionneur de bd, j’en possède quelques unes, principalement des séries à rallonge comme Prométhée de Christophe Bec. Mais là, avec Les Traqueurs, je crois bien avoir découvert mon nouveau chouchou. Bon allez, j’arrête d’envoyer des fleurs ! Attendez, je vous ai parlé des couleurs ? Elles se marient à la perfection aux dessins et cela créé une ambiance unique, tellement… magique.

GUERRE

Concernant l’histoire, cela se passe au 17ème siècle, durant la deuxième guerre anglo-néerlandaise. Une double-page (superbe au passage) nous explique succinctement les enjeux de ces guerres entre les deux pays : s’accaparer le contrôle des routes maritimes, et donc les échanges commerciaux au niveau international. Alors que les morts tombent comme des quilles de chaque côté, que les navires coulent aussi vite que des enclumes, le Roi d’Angleterre a une idée : envoyer des hommes en Nouvelle-Espagne, dans la péninsule du Yucatán. Une bête y résiderait, et le monarque veut la ramener dans son pays afin de s’assurer une victoire totale sur les Hollandais. Qui a dit idée à la con ?

EXOTISME

Bah oui, la bestiole en question, c’est pas un tigre ou un lion. Non, c’est bien plus exotique que ça, et le monstre prend ses racines dans une ancienne légende maya. Le Cerbère des Dieux. Pinaise, ça c’est du nom qui claque. Voilà donc un navire envoyé à l’autre bout du monde afin de réussir là où avait échoué une précédente expédition : capturer la bête. Ce ne sera pas une mince affaire, surtout qu’un groupe de mercenaires semble s’intéresser de près au Cerbère. Difficile de détailler les personnages. Ils ne sont pas forcément nombreux mais il y a trop de zones d’ombres autour d’eux pour le moment. La « faute » à un premier tome qui pose les bases (normal) mais aussi à un scénario qui se révèle confus. C’est bien la seule fausse note que je décèle. Bon, j’avoue qu’elle pourra très vite devenir gênante si elle perdure dans le tome suivant, mais je croise les doigts pour que ce ne soit pas le cas !


LES TRAQUEURS T.1 – L’ARME PERDUE DES DIEUX

Année de parution : 2017
Nombre de pages : 56
Genre : Fantastique
Édition : Glénat


Quatrième de couverture
1664. Royaume d’Angleterre.
Une équipe de scientifiques de la Royal Geographic Society prépare une expédition vers la dangereuse péninsule du Yucatán. Leurs mission : capturer une créature issue des légendes mayas connue sous le nom de « Cerbère des Dieux ». Leurs découvertes vont non seulement changer le destin de l’Angleterre mais aussi le cours de l’histoire…

‘Le Club des Veuves qui aimaient la Littérature Érotique’ de Balli Kaur Jaswal

Méfiez-vous des apparences ! Au premier abord, ce titre à rallonge et qui prête à sourire pourrait faire penser à un énième roman feel good. Oh que non, ne tombez pas dans le panneau ! Sous ce vernis de légèreté, l’auteure originaire de Singapour aborde des thèmes délicats comme le mariage arrangé et la place des femmes dans une communauté régie par les hommes. Entre traditions d’un autre temps et le besoin de s’émanciper, leur place dans la société semble obscure, précaire. Afin de matérialiser cette situation instable, nous suivons le quotidien de Nikki, jeune femme sikh étant née sur le sol anglais. Un parfait exemple de contraste, elle qui souhaite se détacher de toutes ces coutumes auxquelles sa famille reste fortement imprégnée. Des tensions se créées, l’incompréhension s’installe et les liens se brisent.

TRADITIONS

Nikki, vingt-deux ans, s’ennuie dans son travail. Serveuse dans un bar croulant sous les dettes, elle a préféré plaquer ses études de droit dès la fin de sa première année. Un avenir tout tracé selon son père, mais qui n’aura pas fait le bonheur de sa fille. Traînant sa peine dans la grisaille londonienne, elle se rend un jour à Southall, quartier où réside une forte communauté indienne, à la demande de Mindi, sa sœur aînée. Cette dernière reste ancrée dans les traditions et souhaite un mariage arrangé. Pour cela, elle a concocté une petite annonce à accrocher sur un panneau d’affichage, près de l’entrée du gurdwara, lieu de culte des sikh. C’est à cette occasion que Nikki trouvera, au détour d’un regard, une offre d’emploi pour un poste d’animatrice concernant des cours d’écriture. Le début d’une histoire qui va radicalement changer son regard sur sa communauté. Ses élèves seront de petites mamies pendjabies, toutes veuves, et ce fossé entre générations sera le vecteur de folles histoires.

LUBRIQUE

Emprunt de légèreté donc, mais aussi de sensibilité, ce roman est touchant car il montre du doigt des normes qui, d’un point de vue européen, peuvent paraître absurdes et complètement obsolètes. L’auteure apporte une touche de féminisme sans pour autant faire passer le message de force ; le sujet est traité avec une pincée d’humour, et les discours de quelques veuves m’ont fait vriller les nerfs par moments. Et puis, pour conclure, la place des textes érotiques ! C’est fun, ça rajoute du piquant et ça fait bien rigoler. Comme quoi, drapées de leur salwar-kameez blanc, ces femmes ont l’œil lubrique et une imagination débordante ! Y a pas d’âge pour ça, et heureusement !


BALLI KAUR JASWAL – LE CLUB DES VEUVES QUI AIMAIENT LA LITTÉRATURE ÉROTIQUE

Année de parution : 2018
Nombre de pages : 352
Genre : Contemporain
Édition : Le Cercle – Belfond


Quatrième de couverture
« Association sikhe recherche animatrice pour atelier d’écriture réservé aux femmes. » La bonne aubaine pour Nikki, Londonienne de vingt-deux ans, en quête désespérée d’un petit boulot.

Mais alors qu’elle pensait former des apprenties romancières, Nikki se retrouve face à un public inattendu : une dizaine d’Indiennes, de tous âges, majoritairement veuves, souvent analphabètes et dotées d’une imagination très, très fertile. Écrire ? Pensez-vous ! Elles, ce qu’elles veulent, c’est raconter : le choc culturel, la vie de famille, l’éducation des enfants. Raconter encore l’amour, le sexe et tous ces fantasmes enfiévrés qui leur traversent si souvent l’esprit. Raconter aussi la solitude, la soumission aux hommes, la violence, parfois.

Alors que la fréquentation de ce club débridé augmente de semaine en semaine, Nikki s’interroge : comment porter ces histoires au-delà des murs de la maison de quartier ? La jeune étudiante a une idée. Mais libérer la parole des femmes n’est jamais sans danger…

‘Vraiment Seul’ de Damien Klays

Il a survécu. L’espèce humaine s’est éteinte, d’un simple claquement de doigt (Y aurait-il du Thanos là-dessous ?). Il était au travail quand cela s’est produit. Ses collègues se sont effondrés, pantins dont on aurait subitement coupé les fils. Au-dehors, les voitures et motos se fracassent dans une cacophonie assourdissante, privées de leurs conducteurs. Il n’y a plus personne. Sauf lui. Pourquoi lui ? Des cadavres par millions, le silence absolu. Il ne sait que faire. Si, une chose avant tout : retrouver sa femme.

RANDONNÉES

Débute une lente migration vers l’inconnu. L’homme (on ne connaît pas son prénom) tâchera de se remettre les idées dans l’ordre et de trouver une solution. Il est seul, vraiment seul. Tout s’est effondré. Est-il possible de reconstruire ? Sur son long chemin de croix, peu de choses à se mettre sous la dent. Fort heureusement, le hasard voudra qu’il soit accompagné. Merci le destin ! Adoptant le vélo comme moyen de locomotion, plus pratique pour esquiver les nombreux véhicules encastrés entre eux sur les routes, il parviendra à savourer ces randonnées sauvages, délestant par intermittence le poids macabre de la vérité.

Ce roman part d’un postulat maintes fois utilisé : la race humaine disparaît, anéanti par un cataclysme inconnu. Mais là, subtile différence, point de zombie ! Pas de cannibales ! « Il » est seul au monde. Partout où son regard se pose, toujours le même schéma : des cadavres à la pelle, figés dans l’éternité. Pas un seul se relèvera avec une fringale du diable. En ce point réside un paradoxe de taille : l’histoire est donc originale, le survivant est VRAIMENT un survivant mais sa solitude pèse sur le déroulement du récit.

TENDRE

C’est excessivement long. Il ne se passe rien, ou très peu, durant les trois-quart de l’histoire. Il traverse des villages à vélo, il mange, il dort. Et le lendemain, rebelote. Il y a bien quelques péripéties qui viennent agrémenter la sauce mais elles restent trop tendres pour suffisamment aguicher. Du coup, malgré un départ prometteur, il faut attendre le dernier quart pour enfin voir les événements se décanter. C’est bien maigre, et c’est difficile de se raccrocher au wagon à ce moment-là. La toute fin est émouvante, mais ne rattrape pas la déception générale procurée par cette lecture.


DAMIEN KLAYS – VRAIMENT SEUL

Année de parution : 2017
Nombre de pages : 211
Genre : SF
Édition : Éditions du Saule


Quatrième de couverture
« Dans ce bureau, sombre malgré la lumière des néons, il est seul. Son collègue est allongé par terre, pas encore froid, mais déjà mort. Il est pris de panique, ne comprend pas ce qui se passe, il essaie de le ranimer, mais sans succès. Il se lève et court chercher de l’aide. Il va dans chaque bureau et constate toujours la même chose. Des corps sans vie, partout. Tous ses collègues sont morts. Eux qui étaient encore si bruyants il y a quelques minutes sont maintenant silencieux. » En l’espace de quelques secondes, l’espèce humaine a disparu. Comment ? Pourquoi ? Il l’ignore. Désormais, il va devoir vivre dans ce monde, seul.

‘Coupable[s]’ de Samuel Sutra

Un cauchemar. Une église, sur les hauteurs d’Haïti. Jean-Raphaël franchit le parvis et pénètre à l’intérieur. Il est seul, un cercueil se dresse devant lui, près de l’autel. Alors qu’il s’approche, les murs se lézardent soudainement, laissant craindre un effondrement. Jean-Raphaël ouvre les yeux, désorienté par ce rêve encore tiède. Son portable vibre, c’est cela qui l’a arraché à sa torpeur. Une affaire en or va lui être proposée. De celles qui changent une carrière.

HAÏTI

Trois meurtres à Paris. En trois jours. La Crim’ est sur les dents. Aucun lien apparent, aucun suspect, les policiers du 36 pataugent. Puis un quatrième homicide survient, quelques temps plus tard. C’est là que Jean-Raphaël entre en jeu. Lui, jeune lieutenant à la Sécurité Intérieure. Car pour les flics du 36, la donne à changé : Haïti se pose en filigrane sur chacun des meurtres. Et Haïti, Jean-Raphaël y est né.

DEUX MOTS

Simple, efficace. Deux mots qui résument parfaitement ce polar. Pas d’enquêtes à rallonge, ni de détours bancals. Non, l’auteur va droit au but. Avec brio. Énormément de dialogues et d’échanges entre les différents protagonistes viennent ponctuer ce roman. C’est parfois dense, mais l’ensemble est très bien ficelé, et c’est sans peine que l’histoire prend forme. Samuel Sutra remonte parfois le temps et nous ramène le soir précédent chaque meurtre. Du dernier au premier. Nous suivons les traces du tueur (voire des tueurs), mais à l’envers. Comprendre ses (leurs) motivations, pas à pas. Une orchestration au poil. L’auteur n’en fait pas des tonnes, et ça m’a plu.

PILIER

Se servant d’un fait réel comme pilier de l’histoire, il dénonce la cupidité dont une poignée d’hommes est capable lors d’un tel drame. S’emparer de la misère des autres pour en faire un business lucratif, il y a hélas un parfum de vérité là-dedans. Ça pue le vice et la corruption à plein nez. Et là, bim ! La fin arrive. Sans crier gare. Un excellent épilogue, auquel je n’y ai vu que du feu. Et je parle pas d’un dénouement brodé en deux minutes. Non, non, non. Là encore je pose les deux adjectifs qui me viennent immédiatement à l’esprit. Simple. Efficace.


SAMUEL SUTRA – COUPABLE[S]

Année de parution : 2018
Nombre de pages : 248
Genre : Thriller
Édition : Flamant Noir


Quatrième de couverture
HAÏTI. 12 janvier 2010 – 16 h 50.
Le pays est frappé par le plus meurtrier tremblement de terre de son histoire. L’aide humanitaire afflue de partout.

PARIS. Aujourd’hui.
Quatre personnes sont retrouvées sauvagement assassinées. Toutes sont liées à un projet baptisé « Kenscoff ».
Un cinquième individu est recherché.
Pour prêter main-forte à la Brigade criminelle dans cette enquête particulière, un jeune policier rejoint l’équipe.

Haïti, il connaît bien.

Il y est né.

‘La Tête du Lapin Bleu’ de Wendall Utroi

Ava…
Un prénom aussi léger qu’un soupir. Une fragilité de porcelaine. La Tête du Lapin Bleu est son manuscrit : sa vie, ses joies, ses peines. Sa descente aux Enfers. Tout cela déballé sans ambages. C’est Ava qui parle, aux détours de souvenirs douloureux. Une existence chaotique, où les choix seront déterminants, le destin mot-clé du récit.

TREMBLEMENT DE TERRE

Le roman débute par une lettre écrite des mains d’Ava. Elle s’adresse à nous, lecteurs. Rédigée quinze ans après les faits, elle a le goût âcre de la rédemption et nous met en garde. Personne n’est à l’abri. Retour en 2002. Ava est une jeune trentenaire. Mariée à un homme rencontré sur les bancs du lycée, mère de deux beaux enfants, des jumeaux. La vie est belle, le ciel est bleu, les oiseaux chantent. Un véritable conte de fée. Et puis, plus rien. Un tremblement de terre, une fracture dans le temps. Les jambes se dérobent, la raison se dissous dans un océan de folie. La foudre s’est abattue sur elle, sans prévenir. Pourquoi ? Ava ne sait pas, ne comprend pas…
Tout se résume à ses choix. Depuis, le premier jour, un certain 19 avril. Ou peut-être bien avant, en 1991. Chaque décision à sa propre conséquence. Quitte à se brûler les ailes plus tard. Des vérités éclateront au grand jour, comme un air vicié trop longtemps contenu dans un ballon de baudruche. C’est moche, c’est triste, et Ava se prend plusieurs droites bien senties dont elle peine à se relever. La part de l’ombre…
Elle s’était aveuglée durant toutes ces années, mais pouvait-il en être autrement ? Peut-on la blâmer ? Difficile d’être objectif. La tangente qu’elle prend est effroyable ; un toboggan dont on aurait savonné la rampe, histoire d’aller encore plus vite avant de s’écraser avec violence.

TRAGIQUE

L’histoire est forte en émotions. J’ai parfois eu le sentiment que tout s’enchaînait trop vite. Qu’Ava pourrissait comme un fruit trop mûr. Mais en même temps, comment savoir ? On reste impuissant. Les personnages sont excellents, fouillés, et s’attacher à eux est très facile. Mention spéciale au père d’Ava, que j’ai vraiment adoré. Il m’a touché, par ses mots, par ses actes. Par sa tendresse et sa fragilité. Bref, par une multitude de choses. Seul bémol dans la construction, le virage radical amorcé dans le dernier tiers. C’est trop… Énorme. Inimaginable. Ava cherche à s’enterrer vivante. Un choix, là encore. Grotesque, je ne sais pas. Abscons, clairement.
Un pas de plus dans le tragique. Jusqu’à atteindre le fond, sans retour possible. Mais l’auteur ne veut pas s’arrêter là. Derrière toute cette noirceur se cache un infime espoir auquel se raccrocher. C’est de cela qu’il veut parler. Et le titre prend tout son sens.


WENDALL UTROI – LA TÊTE DU LAPIN BLEU

Année de parution : 2018
Nombre de pages : 490
Genre : Drame


Quatrième de couverture
Quand l’amour terrasse Ava et Léo sur les bancs du lycée, et qu’un an plus tard, à l’approche de la naissance de jumeaux, ils convolent en justes noces contre l’avis de tous, on comprend que le bonheur peut être soudain. Les histoires toutes simples ne sont pas les moins belles. On s’aime, on se marie, les rires des enfants viennent peupler notre petit monde. Le bonheur n’est pas aussi exigeant qu’on le dit. Puis, avec les années, on pense que rien ne peut troubler notre quiétude, notre douceur de vivre.

Mais, c’est sans compter sur le destin. Lui peut se jouer de nous… brouiller les cartes, changer les règles. Vous pensez que rien ne peut vous arriver ? Et si vous vous trompiez ?

‘Sarah T.2 – La Créature de la Cave’ de Christophe Bec

Toujours au top la Sarah ! Le tome initial laissait franchement apercevoir une histoire d’horreur angoissante. Le second tome est du même accabit, la nervosité en plus. Impossible de lâcher prise. Salamanca n’est vraiment pas une ville à foutre les pieds. Les secrets sombres de cette bourgade, enterrés sous une pluie démentielle des années auparavant, resurgissent à la surface tels des cadavres restés trop longtemps sous terre : gorgés de vices, nécrosés. C’est pas beau à voir, et toute la communauté ferme les yeux sur ce passé cauchemardesque. Devant l’impertinence de Sarah et l’apparition de créatures à priori hostiles, les autorités n’auront bientôt plus le choix. Salamanca doit détruire le fléau qui l’empoisonne depuis des générations…

JONGLAGE

On sent la terre humide qui colle au chaussures. On subit cette pluie orageuse qui imprègne les vêtements et glace les os. On respire cette peur qui terrasse les habitants. Le prologue est, une nouvelle fois, fort bien réussi. Direct dans l’ambiance, on est pas là pour lambiner. C’est affreux, glauque, dérangeant. Et hop ! Appâté ! Aucun temps morts, le récit alterne entre révélations et nouvelles questions. Un exercice de jonglage exécuté à la perfection. Sarah mène sa petite enquête et creuse jusqu’à tomber sur une piste probante. Une clé ouvrant la boîte de Pandore. Attention à ne pas s’y brûler. Quant à David, son mari resté sur la touche, l’incompréhension est de mise. Ce qui devait être un nouveau départ à la base se transforme rapidement en chasse aux fantômes. À des chimères révolues, qui pourtant ne cessent d’hanter ce couple aux abois. Pas sûr qu’il apprécie la blague. Ça va vite, très vite, tout s’accumule pour former une imposante montagne hallucinée. Et dans l’intervalle de cette course effrénée, des meurtres ! Des tripes ! De l’horreur, quoi. Les auteurs font les choses bien, et j’aime ça.

TÉNÈBRES

À coups de flashbacks et de découvertes scabreuses, l’histoire s’enfonce progressivement dans un dédale qui laisse présager un dénouement qui se fera dans les ténèbres. Éteignez les lumières !


SARAH T.2 – LA CRÉATURE DE LA CAVE

Année de parution : 2010
Nombre de pages : 64
Genre : Horreur
Édition : Dupuis


Synopsis (pris sur Livraddict)
Toujours hantée par les démons de son passé, Sarah continue d’enquêter sur le secret des enfants de Salamanca. Elle n’aurait jamais pu imaginer le drame épouvantable qui a frappé cette communauté bien des années auparavant…